Prêtres et autres guides religieux engagés dans la lutte contre le sida pédiatrique

Mise en Œuvre du Projet GRAIL / Prise en charge des enfants Séropositifs: Prêtres et autres guides religieux engagés dans la lutte contre le sida pédiatrique

Selon les dernières estimations, du Programme National de Lutte Contre le VIH SIDA, sur plus 31. 000 enfants âgés de 0 à 14 ans vivant avec le VIH SIDA en Côte d’Ivoire, moins de 10.000 d’entre eux ,ont accès au traitement. C’est la triste situation épidémiologique du VIH pédiatrique en Côte d’Ivoire.
Pour réduire le nombre de nouvelles infections, réduire la mortalité des enfants liée au sida ainsi que la stigmatisation et la discrimination des personnes vivant avec le VIH SIDA, les guides religieux, dont des prêtres, et des responsables de structures sanitaires confessionnelles, sont sollicités dans la mise en œuvre de la phase pilote du Projet GRAIL.

Projet Conçu par Caritas Internationalis qui a pour objectif de renforcer l’engagement des Organisations Confessionnelles dans l’accélération du diagnostic précoce et du traitement des enfants séropositifs.
Ainsi après trois ateliers de formations ; la première formation à la Cerao à Cocody/Aghien (du 9 au 10 février) pour les guides religieux et responsables des structures sanitaires confessionnelles des diocèses de Grand- Bassam et de Yopougon, la deuxième, au centre Notre Dame du Rosaire de Lataha de Korhogo, les 25 et 26 février 2021 pour les diocèses de Katiola et de Korhogo et la dernière au Centre Jean Paul 1er de Kodjoboué à Bonoua pour ceux d’Abidjan, le projet GRAIL est dans sa phase active.
A travers ces ateliers, les participants ont été instruits sur les aspects pastoraux et scientifiques du Sida pédiatrique. Ils se sont également familiarisés avec la communication pour le changement de comportement et les techniques d’animation dans le cadre de la sensibilisation sur le sida pédiatrique et ont surtout appris à reconnaitre les différents symptômes du VIH/SIDA chez les enfants, afin de les orienter vers les centres de santé pour une prise en charge rapide.
Pour Dr Kouamé Emmanuel Directeur départemental de la Santé de Koumassi spécialiste des questions du VIH/SIDA, présent à l’atelier de Bonoua, l’implémentation du Projet GRAIL en Côte d’Ivoire est à saluer. « Ce projet vient de combler un vide. Car la prise en charge des personnes atteintes du VIH/SIDA est une tâche multidisciplinaire. Le médecin ou le professionnel de la santé, ne peut faire ce travail, tout seul. Impliquer les guides religieux est une bonne chose. Ce sont des autorités morales, qui peuvent influencer nos patients, alors les différents blocages que nous avions par le passé peuvent être levés pour une meilleure prise en charge surtout qu’aujourd’hui nous avons des médicaments, des Anti Retro Viraux (ARV ) pour les enfants » a-t-il expliqué.

Mise en place des Équipes Ecclésiales de Santé sur les paroisses sélectionnées pour la phase pilote
Loin de transformer les guides religieux surtout les prêtres en agents Communautaires ou de les substituer aux médecins, le Projet GRAIL vise à les impliquer afin qu’ils encouragent les personnes vivant avec le VIH/SIDA à reprendre le chemin des centres santés pour certaines,. Les guides religieux sont également sollicités afin que les familles ne cachent plus les enfants séropositifs, en encourageant le dépistage précoce pour une prise en charge rapide des déclarés séropositifs et en leur apportant soutien moral et spirituel.
C’est à travers cet engagement que de milliers d’enfants sans traitements pourront être retracés et pris en charge. Ainsi, sans que cela ne soit un travail complémentaire pour les religieux, pour les prêtres, les messes, les évangélisations, les réunions des Communautés Ecclésiales de Base, des mouvements et associations d’action Catholique, la préparation des mariages, les visites des familles, ainsi que toutes autres activités spirituelles, qui font partie de leur pastorale, sont des canaux que le projet GRAIL exploitera.
Mais pour y arriver, il faut mettre en place une équipe ecclésiale de Santé, composée de médecins, des agents de santé, et de bénévoles, pour mesurer ce que fera le guide religieux. D’autant plus que les bailleurs de fonds ont besoin de données fiables pour mieux orienter leurs actions. ‘’D’où l’implication de Caritas dans ce projet, puisqu’ elle a l’expérience des collectes des données afin de fournir aux paroisses et les structures sélectionnés tous les outils qu’il faut,’’ a rassuré Monsieur Say Daniel, Responsable suivi et Evaluation à Caritas Côte d’Ivoire et Point focal du Projet GRAIL dans ce pays.

Prêtres et autres guides religieux sollicités pour leur soutien psychologique, spirituel et moral
Au cours des trois ateliers de formation, l’importance de l’implication des religieux dans le Projet GRAIL a été relevée en raison du soutien psychologique, spirituel et moral qu’ils peuvent apporter aux enfants séropositifs ainsi qu’aux familles. Dr Yao Messou N’guessan Emmeline, Pédiatre, représentant le Directeur départemental de la Santé de Port-Bouët /Vridi en a parlé avec beaucoup d’émotions à l’atelier de Bonoua : « Il y a des enfants qui naissent de mères séropositives, qui depuis leur bas âge commencent à prendre des médicaments. De 0 à 3 ans, ils sont malléables, mais à partir de 7 ans ou moins, ils commencent à poser des questions pour savoir de quoi ils souffrent, au point de prendre autant de médicaments. Certains, quand ils connaissent leur statut sérologique en veulent à leurs parents, d’autres arrêtent le traitement… Donc ces enfants ont besoin d’être accompagnés psychologiquement. Même les parents ont besoin de cet accompagnement, car ils se sentent coupables d’avoir contaminés l’enfant et d’être obligés de lui donner tous les jours des médicaments. D’où l’importance du guide religieux dans le soutien à tous les niveaux de ces personnes affectées par le VIH SIDA.

Le Projet GRAIL, une lueur d’espoir pour les enfants séropositifs
La phase pilote du projet GRAIL est conduite sous le leadership du Ministère de la Santé de l’Hygiène publique financée par l’Initiative Confessionnelle « Exploiter le potentiel des partenariats d’ONUSIDA/PEPFAR.et mise en œuvre par Caritas Côte d’Ivoire Au cours des différentes sessions de formation, tous les participants ont salué son implémentation dans ce pays. Madame Soro Alice épouse Ouattara, secrétaire exécutif diocésain de Caritas Korhogo et le Père Dominique Kignineman secrétaire exécutif diocésain de Caritas Katiola souhaitent que ce projet s’étende à toute la Côte d’Ivoire, car comme l’a également souligné sœur Félicité Traoré de la Congrégation de Notre Dame de la Paix à Korhogo, « aider un enfant, l’orienter vers un centre de santé, l’aider à prendre ses médicaments, afin qu’il recouvre la santé, c’est lui donner la vie . »
Heureux de la participation active de ces guides religieux et des responsables des structures sanitaires confessionnelles, le Père Jean Pierre TIEMELE Secrétaire exécutif National de Caritas Côte d’Ivoire, les a remerciés pour la qualité de leurs contributions :« Nous nous sommes mutuellement enrichis avec les contributions des infirmières, des médecins et des confrères prêtres. C ’est cela l’image de l’Église Famille de Dieu. Vous avez compris que lorsque nous portons notre attention vers les enfants, c’est le Seigneur qui nous comble au-delà de nos espérances. » Il a saisi l’occasion de cette 3ème et dernière session pour lancer un appel aux guides religieux afin que ce projet soit un succès : « Chers pères, nous sommes le moteur du succès de ce projet car les fidèles comptent sur nous. Aidons les médecins et agents de santé afin que dans 3 ans, à la fin de la phase pilote de ce projet, on puisse dire que la Côte d’Ivoire a fait un bon travail à l’image du Nigeria et du Congo où le projet a été expérimenté avec succès ». Tel est le vœu du père TIEMELE au terme des 3 sessions de formation sur le projet GRAIL.